Procès Barbarin - Christine Pedotti dénonce le silence autour des abus sexuels et interroge : « Qu’avez-vous fait de Jésus ? »
« [Le Cardinal Barbarin] considère qu’on va être sauvé par la prière. [...] Il fait cette erreur depuis le départ. »
Alors que s’ouvre aujourd’hui le deuxième jour d’audience dans le procès du Cardinal Barbarin pour « non-dénonciation d’agressions sexuelles », Christine Pedotti, directrice de la rédaction de Témoignage Chrétien, exprime sa colère au micro de Jean-Jacques Bourdin. Sa colère face au « désastre moral ». Sa colère face à un « système qui étouffe le meilleur de vous-même », un système « complice de crimes odieux à l’égard de ceux qui sont notre bien le plus précieux, notre avenir, nos enfants. »
Dans son livre, Qu’avez-vous fait de Jésus ?, Christine Pedotti dénonce l’incompréhension des « épiscopes », des surveillants de l’église catholique, de ceux qui ont détourné leurs yeux du scandale. Et c’est bien d’incompréhension qu’il s’agit si on en croit les propos du Cardinal Barbarin au premier jour de son procès :
« Franchement, je ne vois pas de quoi je suis coupable. »
Selon la directrice de rédaction, ce « désastre moral » est lié cette incompréhension.
« Ils ne comprennent pas la gravité de l’acte. [...] Quand j’ai été regardé les textes de près, ils disent ‘C’est un viol de la chasteté, quand un prêtre viole un enfant’. Mais non ! Ce n’est pas un viol de la chasteté. C’est le viol du corps d’un enfant. »
Christine Pedotti rappelle le rôle de ces cardinaux. Ils font partie de l’épiscopat. Ils sont chargés de « regarder autour », de surveiller.
« Il faut qu’ils fassent le travail et qu’ils soient de bons surveillants. Et là, en l’occurence, le cardinal Barbarin, il n’a pas fait le travail. »
Selon elle, l’archevêque de Lyon « fait erreur depuis le départ ».
« Il considère qu’on est dans le monde du péché, du repentir, de la pénitence et puis du coup qu’on va être sauvé par ce biais-là, qu’on va être sauvé par la prière, on va guérir les coeurs. Et je crois qu’il fait cette erreur depuis le départ. »
Christine Pedotti rappelle fermement que « le sujet, c’est la justice ».
« Nous sommes dans un état de droit. Il y a la justice. Quand Philippe Barbarin dit ‘Moi, j’ai demandé à Rome’, mais on lui demande pas de demander à Rome, on lui demande de présenter les coupables devant la justice des hommes. [...] Ça rappelle des mauvais souvenirs, les gens qui disent ‘Moi je ne suis pas responsable, c’est ma hiérarchie qui..., c’est Rome qui...’ Non ! Non ! »
Face au Sénat, en novembre dernier, elle en appelait à la « révolution culturelle » :
« Quand il y a une culture de l’abus, il faut faire une révolution culturelle. »
C’est dans ce cadre que Témoignage Chrétien a demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les crimes pédophiles dans l’église catholique :
« Il nous importe non pas de faire éclater des scandales mais d’en faire cesser un, immense, celui du silence assourdissant de la hiérarchie catholique devant des souffrances qu’elle a, pour l’essentiel, sciemment ignorées ou même cachées pendant trop longtemps. Le retour de la crédibilité est à ce prix. »
M.C.